Définitions
Même si vous débutez à l'aquarelle, vous avez certainement déjà entendu
parler de techniques humides et de techniques sèches. De quoi peut-il
bien s'agir ? Tout le travail de l'aquarelle est basé sur ces deux
techniques qui peuvent être utilisées individuellement ou ensemble au
sein d'une même peinture.
Technique sèche
L'artiste qui pratique l'aquarelle basée sur ce
procédé attend que chaque couche de peinture soit
sèche avant d'en appliquer une autre en superposition. Les
couleurs sont donc bien nettes et de nouvelles couleurs sont
créées par superposition. Ainsi, si vous commencez par
faire un aplat jaune sur lequel vous rajoutez des bandes bleues, vous
verrez alors apparaître, par superposition, une couleur verte.
On peut aussi parler de technique humide sur sèche, puisque
l'aquarelliste utilise les couleurs fraîches donc humides
puisqu'imprégnées d'eau sur un fond sec.
Technique humide sur humide
A l'inverse de la technique précédente, ici,
l'aquarelliste va travailler en permanence sur un fond humide. Ce qui
veut dire qu'il peut soit imbiber son papier d'eau et poser
délicatement de la couleur qui va s'étendre au contact de
l'eau, soit appliquer directement une première couleur sur un
papier sec.
Sans attendre que cette première couche soit sèche, vous
pourrez continuer de travailler les superpositions. Les couleurs vont
alors se fondre entre elles en créant des halos plus ou moins
contrôlés qui font tout le style de ce type d'aquarelle.
1. Technique sèche
Cette première méthode, plus abordable pour le
débutant, est basée sur l'application des couleurs
directement sur un papier (en bloc ou feuilles séparées)
totalement sec. Les couleurs adhèrent au grain du papier, sans
s'étendre, saigner ni baver, donnant un effet de
précision des contours. Ce procédé
nécessite une maîtrise parfaite du dessin
préparatoire (zones de couleur bien délimitées) et
s'adapte plus volontiers à un style figuratif, notamment pour le
paysage "topographique", l'illustration animalière ou la nature
morte descriptive.
Pour ceux qui connaissent déjà l'aquarelle pour
être allés visiter des galeries de peinture, c'est le mode
de travail utilisé par les très célèbres
aquarellistes anglais. Je vous conseille d'ailleurs de feuilleter
l'ouvrage consacré à ces artistes : Le siècle d'or
de l'aquarelle anglaise (1750-1850), par Gérald Bauer,
éditions Bibliothèque de l'image.
Règles d'or
Je vous propose une liste de conseils à suivre si vous voulez travailler en utilisant la technique humide sur sec.
Soignez vos croquis
Comme cette technique permet une assez grande précision, je vous
engage à soigner votre croquis au crayon. Celui-ci sera aussi
précis que possible, et assez fin si vous voulez que le trait
disparaisse sous la couleur. C'est le cas généralement
des aquarellistes anglais. En revanche, si comme Signac vous voulez que
votre trait fasse partie intégrante de la peinture, utilisez un
crayon gras et allez-y franchement.
Du clair vers le foncé
Vous allez travailler en gardant toujours à l'esprit qu'il faut
partir de la couche la plus claire pour terminer par la couche la plus
foncée, en prenant bien soin d'épargner ou de
protéger les zones destinées à rester blanches ou
très claires. Comme par exemple des herbes vert clair se
détachant sur d'autres herbes vert foncé.
Bien connaître sa palette
Si vous utilisez des couleurs en tubes, préparez votre palette
complète à l'avance. Comme vous allez travailler avec des
superpositions qui créeront elles-mêmes de nouvelles
teintes, il est impératif de bien maîtriser les
mélanges. Entraînez-vous sur des échantillons de
papier. Si vous utilisez des couleurs en godets, fabriquez-vous un
nuancier que vous garderez auprès de vous lorsque vous
travaillerez. Gardez les couleurs toujours dans le même ordre sur
votre palette, ce qui vous facilitera la tâche au fur et à
mesure que vous vous habituerez aux différents mélanges
possibles.
Des accessoires utiles
Vous pouvez vous aider d'un séchoir à cheveux pour
accélérer le séchage des différentes
couches, si vous travaillez en intérieur. Ayez sous la main deux
gobelets : un d'eau propre, un autre pour nettoyer les pinceaux.
Gare à la précipitation !
La technique humide sur fond sec demande de la patience et de la maîtrise de soi et de son travail.
Nous ajouterons à cette liste de conseils pratiques la
nécessité de vraiment maîtriser les mélanges
de couleurs entre elles. L'écueil souvent rencontré par
les débutants, qui les conduit au découragement voire
à l'abandon de cette technique si lumineuse et vivante, est
l'association inopportune de couleurs non adaptées à des
mélanges, qui produisent de vilaines teintes grisâtres.
Je vous déconseille par exemple, au début, de
mélanger plus de deux couleurs entre elles, que ce soit des
couleurs primaires avec des secondaires ou des secondaires avec des
tertiaires. Essayez plutôt de construire vos mélanges
complexes (plus de trois couleurs de base) par superposition de couches
de couleurs. Ainsi, si l'on prend l'exemple d'un feuillage dans un
arbre, vous allez commencer par poser votre vert le plus clair,
réalisé avec un mélange de bleu et de jaune.
Ensuite, lorsque cette première couche sera sèche, vous
ajouterez quelques petites touches d'un bleu un peu plus foncé,
qui, en se superposant, donnera un vert plus dense et en même
temps plus lumineux que celui que vous auriez obtenu en le
créant directement sur la palette en ajoutant du bleu
foncé à votre mélange de pigments de base (bleu
clair et jaune). Lorsque l'on veut obtenir un effet de fond de papier
coloré sans passer par un lavis préparatoire qui
humidifierait le support, on peut utiliser des papiers d'aquarelle
colorés.
2. Technique humide sur humide
Lorsque l'effet recherché est basé essentiellement sur un
fondu des couleurs, la technique humide sur humide sera la mieux
adaptée, mais elle est plus difficile à mettre en oeuvre
pour le débutant. Voici en quelques mots comment aborder cette
méthode qui suscite actuellement un engouement remarquable chez
la jeune génération d'aquarellistes.
La préparation du papier est évidemment primordiale
puisque celui-ci devra être abondamment imbibé d'eau tout
au long du travail. Comme nous l'avons vu dans la première
leçon, il est important de choisir un papier très
épais (pas moins de 300 g) et de lui faire subir un traitement
spécifique avant d'entreprendre ce type d'aquarelle. Votre
papier aura donc été mouillé, tendu et mis
à sécher fixé sur un support au préalable.
Des pinceaux hydrophiles : Le choix des pinceaux est très important pour la technique
humide sur humide. Il faut en effet que ceux-ci soient capables
d'aspirer beaucoup d'eau, de la conserver le temps du transport
jusqu'à la feuille, et de la relâcher sur la feuille. Ils
ont même un rôle d'absorbant puisqu'ils permettent, par
capillarité, de faire remonter de l'eau du support papier vers
les poils du pinceau. En général, ce sont les pinceaux du
type "petit gris" (photo ci-dessous) qui sont le mieux adaptés.
Dessin à l'eau claire au préalable
Certains aquarellistes réalisent une sorte de croquis des formes
qu'ils vont peindre avec de l'eau pure, sans pigments. C'est dans cette
couche constituée uniquement d'eau qu'ils ajoutent les couleurs
qui sont alors comme guidées dans les canaux d'eau que
constituent les formes peintes à l'eau pure (photos ci-dessus).
Peindre mouillé sur mouillé
Comme dans une aquarelle traditionnelle, vous commencerez par un dessin
au crayon, puis vous appliquerez vos fonds de couleur très
dilués et abondamment liquides. Ensuite, sans attendre le
séchage de cette première couche, vous continuerez de
travailler pour que les couleurs suivantes se fondent avec votre fond.
C'est la méthode la plus classique, très utilisée
lorsque l'on veut obtenir des effets de fondus (brumes,
arrière-plans flous, rayons de soleil...).
Après application, lorsque les couleurs sont encore très
liquides, on peut influer sur la direction qu'elles doivent prendre en
penchant plus ou moins la feuille de papier fixée sur un support
rigide.
3. Mélange des deux techniques
Il ne faut pas hésiter à associer les deux techniques sur
une même aquarelle. L'exemple le plus flagrant est la
réalisation d'effets de brume dans un paysage dont on veut que
certains plans plus rapprochés se détachent nettement.
Bien que toute règle soit faite pour être
détournée, il est plutôt conseillé de
réaliser son aquarelle en commençant par toutes les zones
qui nécessitent l'utilisation de la technique humide sur humide,
puis de laisser sécher avant d'enteprendre le travail
traditionnel de l'aquarelle "à l'anglaise".
Un point qui mérite attention
Il faut déjà une bonne maîtrise du "métier"
pour réhumidifier à l'eau claire des parties
déjà peintes, car on peut se retrouver avec des
auréoles qu'il sera difficile de faire disparaître,
à moins bien sûr que ce ne soit le but de
l'opération si votre style est basé sur ces effets. Dans
tous les cas, c'est à force d'expérience que l'on
acquiert dextérité et coup de main.