Histoire de l'aquarelle
Même si l'on ne peut
pas encore parler d'aquarelle au sens actuel
du terme, l'association de pigments et d'eau se retrouve sur les
premières expressions artistiques au temps de la
Préhistoire. Cette technique est pourtant
extrêmement
ancienne, puisque l'on pense qu'elle était
déjà
utilisée au temps des Egyptiens. Mais ce n'est en fait
qu'à partir du Xe siècle que l'aquarelle se
répandit en Europe, même si au départ
elle
était considérée plutôt
comme un
médium destiné à l'esquisse ou
à
l'enluminure que comme une technique artistique à part
entière.
Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que des peintres,
l'utilisent comme médium principal dans leurs compositions
originales. L'aquarelle avait alors une fâcheuse tendance
à se ternir, jusqu'à ce qu'on lui ajoute de la
résine d'acacia exotique afin d'obtenir une meilleure
solidité des pigments. L'aquarelle est souvent
associée
aux paysagistes anglais. Pourtant, Hollandais, Français et
Italiens ont abondamment utilisé ce médium dans
leurs
compositions tout au long des XVIIIe et XIXe siècles.
De grands peintres impressionnistes, puis plus tard les
maîtres
de la peinture moderne (ci-dessus, remarquez les couleurs vives et le
mouvement obtenus par André Derain grâce
à
l'aquarelle), ont volontiers fait appel à cette
matière
qui lorsqu'elle est traitée avec beaucoup de
métier
permet d'obtenir des effets de transparence rivalisant avec l'huile ou
la gouache. Aujourd'hui, c'est une technique très
appréciée des illustrateurs
(encyclopédies) et des
artistes topographiques (architecture).
L'art de la substitution
Le principe de base est de substituer la couleur blanche du papier au
tube de peinture blanche. L'aquarelle fait donc appel à un
jeu
de transparences et de réserves qui nécessite une
perception très précise des différents
niveaux de
couleurs. Vous ne serez pas étonné de
découvrir
des aquarellistes en train de cligner des yeux pour mieux
apprécier la succession des plans colorés. Ce
principe
implique un ordre de travail en couches basé sur une
progression
de la teinte la plus claire vers la teinte la plus foncée.
Le
repentir tel qu'on le pratique dans la peinture à l'huile ou
la
gouache opaque est pratiquement impossible. Tout au mieux peut-on
atténuer une couleur trop vive. Il est même de bon
ton de
conserver visible l'esquisse au crayon qui sert de guide à
l'application des couleurs.
Une technique ouverte à tous
Un des grands avantages de l'aquarelle est certainement de permettre
l'accès à une expression artistique à
des
personnes spontanées que la perspective d'une technique
fastidieuse et longue éloigne de tout pratique picturale. Le
peintre aquarelliste peut effectivement interrompre à tout
moment son travail et le reprendre plus tard, sans grande
conséquence, hormis le séchage des couches,
notamment
lors du travail sur papier humide. C'est le médium
idéal
pour le promeneur ou le voyageur. A cet égard, il suffit
d'avoir
l'occasion de feuilleter les carnets de croquis des grands peintres des
XVIIIe et XIXe siècle pour apprécier l'apport de
l'aquarelle à leur oeuvre, qu'il s'agisse de la
découverte du Maroc par Delacroix ou des voyages
"initiatiques"dans les Pyrénées de Viollet le Duc
(ci-dessous, Vue du Vignemale prise du lac de Gaube en août
1833).
L'aquarelle est généralement pratiquée
sur de
petits formats, des dimensions de 50 x 60 cm constituant
déjà une prouesse pour aquarelliste
confirmé. Nous
ne pouvons que vous encourager à aller visiter les
musées
(Louvre, Carnavalet, Orsay, Musée Gustave Moreau pour les
Parisiens) où sont exposées les oeuvres des
peintres du
XVIIIe, XIXe et XXe siècle. Le remarquable état
de
conservation de ces peintures est une preuve de la qualité
des
pigments, surtout pour des oeuvres conservées dans les
règles de l'art (précautions contre les
ultra-violets,
hygrométrie et température
contrôlées...)
L'aquarelle que vous allez utiliser est, comme autrefois,
basée
sur des pigments broyés extrêmement fin
associés
à de la gomme arabique en guise de liant afin de favoriser
une
bonne concentration de la couleur et une meilleure
résistance
à long terme.